Evenements

Catégorie: Mois: Département:



Conférence Gisors
Catégorie : Evenement | Crée le : 14/10/2011 à 13:40 | Auteur : Quentin | Département : 27.

 

 

COMPTE-RENDU DE CONFERENCE 01 du 08/10/2011

 

 

 

Association"Forteresses"
 1,rue du Gros Chêne
95130 FRANCONVILLE

 

 

 

N° dossier :

Noms : M. MESQUI Jean

OBJET: Château de Gisors

 

 

PARTICIPANTS :

 

Franck FAUPIN

 

Olivier NICOLAS

 

Quentin BINARD

 

Bruno LEPEUPLE

DATE : 08/10/2011

Emetteur: FORTERESSES

Rédacteur: QBI

Diffusion : membres Assoc

 

 

Compte rendu et analyse de séance:

 

Dans le cadre du 1100ème anniversaire du Traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui permit la création de la Normandie en 911, une  conférence était organisée le 8 octobre 2011 à la salle des fêtes de Gisors (27140). Invité par la Ville de Gisors, M. Jean Mesqui a animé cette conférence consacré au « Château médiéval de Gisors », en s’appuyant sur les dernières analyses réalisées sur ce site et les autres hauts-lieux fortifiés de la Vallée de l’Epte.

L’association Forteresses, représentée par Quentin BINARD, Franck FAUPIN et Oliver NICOLAS, a assisté à cette conférence. A cette occasion, elle a pu rencontrer M. Bruno LEPEUPLE de la Mission Archéologique de Haute Normandie, et échanger brièvement avec lui de l’avancée de ces derniers travaux de recherches, ainsi que sur certains sites fortifiés visités par Forteresses au cours des derniers mois.

 

Au cours de cette conférence, M. Mesqui a rappelé que la création du château de Gisors remonte à 1097, soit près de deux siècles après la signature du Traité de Saint-Clair-sur-Epte (911). 1097 marque en fait l’édification de la motte castrale par Robert II de Bellême, sur l'ordre du roi d'Angleterre Guillaume II le Roux (1087-1100), alors régent du Duché de Normandie.   

Au préalable, M. Mesqui a tenu a resituer la position de Gisors au sein de la vallée de l’Epte, en insistant sur le fait que l’Epte doit être avant tout considérée comme une frontière naturelle séparant le Royaume de France et le Duché de Normandie, et qui est devenu une "frontière politique" suite au Traité de Saint-Clair-sur-Epte. Mais les nombreuses incursions et les multiples escarmouches entre les troupes françaises et anglo-normandes poussèrent les deux Couronnes rivales à implanter le long de la vallée de l’Epte des «points de défense fortifiés », afin de protéger leurs possessions respectives. C’est ainsi que, selon M. Mesqui,  l’ensemble points forts défensifs de la vallée de l’Epte ont été construits au cours de deux "strates", soit deux périodes distinctes, la première au XIème siècle et la seconde au XIIème siècle, dans divers lieux tels que Neaufles Saint-Martin, Dangu, Gasny, Château sur Epte, Chaumont-en-Vexin, Trie-Château, Courcelles les Gisors, Boury etc.

 

Concernant Gisors, M. Mesqui a insisté sur trois dates importantes qui ont marqué l’évolution de son château :

  • la fin du XIème siècle où, en réaction à l’aménagement de la motte castrale de Chaumont en Vexin, intégré au Royaume de France, le Duché de Normandie ordonna la construction de la motte fortifiée de Gisors.
  • 1147, lorsque le roi de France Louis VII reçoit toutes les places fortes du Vexin Français et Normand.
  • 1158, où suite au traité conclu entre Louis VII et Henri II Plantagenet, le jeune Roi anglais prend possession de Gisors et du Vexin Normand, qui constituent en fait une partie de la dot amenée par Marguerite de Valois en vue de ses futures noces avec le jeune souverain anglais.

 

D’un point de vue architectural, M. Mesqui tient à rappeler que le château de Gisors se compose à l’origine d’une motte dotée de sa propre palissade, et séparée de sa basse-cour pour de profonds fossés. L’ajout de la fortification de la basse-cour a certainement eu lieu plusieurs années après la fondation de la motte castrale.

C’est au cours de la première moitié du XIIème siècle que le site de Gisors va connaître des transformations marquantes avec la fondation de son donjon en pierre de taille, la chemise de protection au sommet de sa motte, ainsi qu’un logis lui aussi maçonnée, le tout en suivant le schéma du « shell-keep », un système défensif typiquement anglo-normand et largement développé à cette époque des deux côtés de la Manche. Jean Mesqui a mis le point sur l’antériorité de la chemise par rapport à la tour maîtresse (20 à 30 ans d’écart) ainsi que sur la position du triple couloirs de latrines (intégrés à la chemise) qui pourrait correspondre à l’édification d’un corps de logis antérieur à la tour donjon et dont la partie basse de la tourelle d’escalier pourrait en être un vestige.  

A ce propos, M. Mesqui tient à signaler l’importance du niveau de compactage de la masse de terre qui compose la motte castrale. En effet, les bâtisseurs du château de Gisors ont certainement dû attendre au moins une bonne dizaine d’années pour qu’ils puissent implanter la chemise maçonnée du donjon, afin d’éviter qu’elle ne s’enfonce trop profondément dans la motte.

En dehors de la motte du château de Gisors, M. Mesqui signale des particularités architecturales notables dans l’enceinte de sa basse-cour, qui s’agrémente notamment de deux tours dotées de flancs à bec, et de flanquements non-faciaux datant certainement de la deuxième moitié du XIIème siècle. A noter également la présence d’archères à niches, certainement ajoutées au XIVème siècle, tandis que les portes de l’enceinte sont pour certaines d’entre elles dotées de grands cintres, voire d’arcs voutés.

Enfin, autre particularité du complexe défensif du site du château de Gisors, la présence de la Porte du Gouverneur à proximité de la Tour du Prisonnier, permettant l’accès au bourg castral dans sa partie sud-est, et précédée d’une petite cour intérieure entourée de hauts murs, alors que l’accès à la Tour du prisonnier se faisait par la courtine sud. Ce qui est une différence notable par rapport aux autres tours construites par Philippe Auguste.

 

Par ailleurs, M. Mesqui note des similitudes entre la motte castrale de Gisors avec celles d’Arundel (UK) et de Vatteville-Larue (76), que ce soit dans son physionomie découlant du shell-keep, comme dans l’implantation des parties bâties en dur au sein même la motte. De même, des similitudes architecturales peuvent être constatées entre la Tour du Prisonnier de Gisors, et d’autres tours de même fonction qui ont été comme elle fondées à la même époque à Vernon, Falaise, Rouen, Verneuil sur Avre et Lillebonne. Des constatations montrent bien comment l’aménagement du site du château de Gisors a été grandement influencé par le savoir-faire et les connaissances techniques propres à chacun de ses bâtisseurs, qu’ils soient français ou anglo-normands.

 

En conclusion, M. Mesqui estime que l’ "apogée architecturale" du site castrale de Gisors a été atteinte entre les années 1150, époque où Henry II Plantagenet a apporté sa touche personnelle en ordonnant le renforcement du dispositif de défense du château, et la fin des années 1190 où le site castral, après son annexion au Royaume de France par Philippe-Auguste, lui apporta ses dernières grands adaptations du tels que la Tour du Prisonnier, la barbacane et le logis royal (dont des vestiges sont visibles au revers de la porte du Gouverneur).

 Lien vers la Vidéo réalisée lors de cette conférence (environ 25mn):

http://www.youtube.com/embed/PRh0AGEitIg


< Retour