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Type d'édifice: Département:



Le castrum d'AIxe
Type d'édifice : Chateau fort | Crée le : 06/02/2013 à 13:14 | Auteur : franck | Département : 87.

 

Le Château fort d’Aixe sur Vienne (87)

 

 

Présentation du site d’Aixe sur Vienne :

 

Sur un haut plateau dominant la Vienne et l’Aixette, au pied d’un pont moderne, s’établi la vaste forteresse des Vicomtes de Limoges.

La ville s’est développée sur la crête du plateau séparant deux implantations anciennes :
  - 1) d’une part, à l’est, la présence d’un site naturel facile à aménager en point de défense, un rocher à gué, protégé sur deux côtés par la Vienne et l’Aixette.
  - 2) d’autre part, à 2 km environ à l’ouest, un carrefour situé sur deux itinéraires anciens près duquel s’est fixée très tôt une population.

C’est que, vers le VIème ou VIIème siècle, s’est implantée la première paroisse de Tarn.
De la période gallo-romaine, on ne connaît la ville qu’au travers de légendes.
En 632, il est fait mention de la seigneurie d’Aixe à propos de la création de l’abbaye de Solignac.
En 982, Bernard de Comborn (voir le prochain article qui parlera des Vicomtes de Limoges d e842 à 1290), abbé de Solignac, vient à Aixe pour y faire construire une chapelle.

 

Description générale du Castrum d’Aixe  :

 

Sur un dyke comme une proue dominant la vallée, subsiste les vestiges d’une forteresse, l’ensemble ayant été coupé en deux par le passage d’une route.

On trouve sur notre droite la base d’un donjon carré roman d’environ 12m de coté, conservé sur environ 3,50m, il possède encore de larges contreforts plats saillants en son milieu. Ce donjon est actuellement inclus dans un jardin privé. Egalement on trouve ça et la présence de mur (enceinte ?) dont la fonction à la vue de leur position n’est pas définissable.

Vestiges du donjon roman à contreforts plats

Sur notre gauche, hors les vestiges encore haut d’enceinte, se trouvent les restes d’un logis accolé à une maison moderne. On voit les restes de 2 placards du XIIIs ainsi que les vestiges d’une baie attenante, d’après certains érudits locaux, ce serait les restes de la chapelle castrale Saint Georges.

Le site est interdit d’accès et laisse encore entrevoir l’orifice d’un puits, taillé dans la roche et dont le fond serait situé plus bas que le niveau de l’Aixette.

Au pied de la butte castrale, on trouve une belle maison XIII XIVs qui semble à la vue de sa construction (présence d’archères) appartenir à un chevalier (maison nobiliaire)

 

Le village d’Aixe sur Vienne se développe autour de ses maisons nobles (Milites Castri) positionnées le long de l’enceinte urbaine du type de celles d’Excideuil (24) également possession des Vicomtes de Limoges. Dans le village il reste les vestiges d’au moins 3 tours nobles (mur de construction de facture de celles du Chadeau - Montbrun), également pas de présence de contreforts.

Vue sur le donjon depuis la chapelle saint Georges

Sinon de l’enceinte urbaine il ne reste pas grand chose. La ville fut entourée d'une enceinte fortifiée dès le 11e siècle et devint rapidement un important centre artisanal et commercial, marché d'Aixe mentionné dès le 13e siècle. En 1568 et 1569, ravages causés par la guerre et formation de quatre faubourgs : le bourg neuf autour de la forteresse, le faubourg d'outre Vienne sur la rive droite de la Vienne, le faubourg de la porte de Lavaud à l'ouest et le faubourg aux Roux, au sud. En 1783, création de la route Limoges Bordeaux, traversant la ville sur l'emplacement des anciens remparts sud entre 1823 et 1873.

 

Le Château fort dit de « Jeanne d’Albret » :

Une porte contrôlait autrefois l’accès à l’ensemble fortifié entre l’extrémité du pont et le rocher.
Aujourd’hui, la rue contourne le domaine fortifié des Vicomtes de Limoges qui comprenait plusieurs fiefs (4 selon les sources, description à la suite).
Le plus ancien, celui des Du Barry, était situé à l’emplacement actuel de l’usine Imerys Tableware.

Vestiges d'enceinte du haut castrum

Rien n’explique, sinon une légende précisant que Jeanne d’Albret (voir CHF01 sur les châteaux forts des Comtes de Dreux) y serait inhumée, les raisons qui ont attribué le nom de la mère de Henri IV aux restes du château qui dominent encore le confluent de la Vienne et de l’Aixette.
La tour Jeanne d’Albret représente les seuls vestiges d’un ensemble fortifié du XIIIs, témoin de nombreux conflits de la guerre franco-anglaise, dite de 100 ans, des guerres de religions ou encore de la vicomté de Limoges.

 

- Histoire développée du Castrum d’Aixe :

A l’époque carolingienne (après 715) sous le règne de Charlemagne, la paroisse de Tarn (première paroisse d’Aixe-sur-Vienne) est désormais constituée de maisons de bois aux toits de chaume, groupées autour de Saint Alpinien. Les moines ont une grande influence sur la vie locale.
Face aux incursions normandes et à la turbulence des « seigneurs » locaux, le triumvirat qui préside aux destinées du « pagus » aquitain décide de l’implantation d’une tour de bois au confluent de la Vienne et de l’Aixette (à l’emplacement de la future forteresse).
A l’époque capétienne (après 987), la mort accidentelle de Louis V, le 21 mai 987, consacra la ruine de la dynastie carolingienne. Hugues Capet, duc de France, héritier du prestige acquis par son père, fut élu roi par les Grands et les Evêques du royaume. Avec lui, un régime politique nouveau va prendre son essor : la féodalité. La société médiévale se divisait en trois ordres : ceux qui se battent, ceux qui travaillent et ceux qui prient.
Partout, des châteaux s’érigent, le plus souvent en bois, entourés d’une palissade de pieux et d’un fossé. Ils sont en moyenne, éloignés de 8 à 10 kilomètres les uns des autres. Il faut que le seigneur puisse chevaucher dans toute l’étendue de la châtellenie pour que sa protection soit efficace.Le castrum d’Aixe est mentionné pour la première fois dans un texte daté de 982, fief relevant de l'abbaye de Solignac et appartenant aux vicomtes de Limoges, puis à la famille de Rochechouart et enfin à la famille des Cars. Le seigneur d’Aixe, vassal du vicomte de Limoges occupait le château de la ville et était chargé d’assurer la protection de celle-ci. Lui-même et les hommes de sa garnison (entre 25 et 30 personnes) avaient le droit de porter les armes. L’épée était le symbole de la fonction seigneuriale. Les attributs civils du château furent tout aussi importants que les manifestations de sa puissance militaire, son rôle étant plutôt celui d’un centre administratif que d’une caserne ou d’un fort au sens moderne du terme.
Profitant d’une querelle dynastique en 1180 (jusqu’en 1220) qui divise la famille des Plantagenêt et ébranle la couronne d’Angleterre, Aymar V (ou Adémard V) Vicomte de Limoges, tente de se libérer de la tutelle des ducs d’Aquitaine. Il s’associe aux comtes d’Angoulême et du Périgord. Ensemble ils décident de secouer la tutelle anglaise. Mais ils doivent déposer les armes.
Cette trêve s’achève au cours de l’hiver 1182-1183, quand le pugnace Vicomte entreprend de fomenter un nouveau complot contre le plus dangereux des Plantagenêt : Richard le futur « Cœur de Lion », en s’alliant à Henry le jeune frère de ce dernier en lui proposant le duché d’Aquitaine. Des mercenaires sont alors engagés par Richard pour faire la guerre en Limousin et ils ravagent la région. Le Limousin et le Périgord sont très touchés par les pillages. Du coup, des guerres sont menées pour chasser ces mercenaires (occupation de plusieurs châteaux) et tous les combats se confondent.
Après sa capture pendant 4 ans en Autriche, Richard est obligé de revenir dans le Comté de Limoges batailler contre Adémard V, son pire ennemi, vers 1193. Il a pris le nom de « Richard Cœur de Lion » lors de la croisade. On sait, grâce à au moine Geoffroy de Vigeois, qu’à Aixe-Sur-Vienne, 80 gascons se firent capturer et arracher les yeux par Richard.

En 1199, le vicomte de Limoges rompt une nouvelle fois les liens vassaliques qui l’unissent à Richard. Ce dernier vient en Limousin bien décidé à mettre un terme à la turbulence de son vassal. Il s’empare du château d’Aixe mais trouve la mort le 6 avril 1199 à Châlus. Son cœur est enterré dans un reliquaire à Rouen, son corps, à l’abbaye de Fontevraud, et ses viscères à Châlus (dans la chapelle castrale). Suite à cet incident le donjon est détruit en 1206 ainsi qu’une partie du castrum d’Aix.
En 1206, le successeur d’Aymar V, Gui V, fait construire une nouvelle forteresse sur les ruines de la précédente. C’est également à cette époque qu’Aixe devient une vraie cité murée.
Dès leur avènement, les vicomtes de Limoges se transmettaient héréditairement la haine du Plantagenêt. A l’instar de ses prédécesseurs, Gui VI ne fait pas exception à la règle : il n’accepte pas le traité de Paris qui place ses fiefs sous la tutelle du duc d’Aquitaine. Le vicomte ouvre les hostilités en attaquant les milices communales de Limoges rassemblées au bourg de Saint Martial. La bataille tourne à son désavantage et son beau-frère, le comte de Nevers, est tué au cours de l’engagement. Quittant Limoges qui lui est devenue hostile, Gui VI installe dans les places fortes des garnisons qui lui sont demeurées fidèles : à Aixe, Chalucet et aux tours de Noblat. A sa mort, en 1263, sa femme, Marguerite de Bourgogne, relève sa bannière et continue la lutte soutenue par le puissant archidiacre Gérald de Maulmont. Dépendant à la fin du 14e siècle, de l'abbaye de Saint-Martial-de-Limoges. Occupé en 1421 par Jean de Brie, seigneur de Losmonerie (proche d’Aixe), le château fut érigé en fief noble dès 1596. Château comportant un corps de logis principal, avec tour demi hors œuvre, vraisemblablement construit vers 1480 et un second corps de bâtiment, en retour d'équerre remanié au 17e siècle. Jeanne de Navarre le céda en 1556 à Claude de Rochechouart.

 Abandonné, ayant perdu son caractère défensif, le château d’Aixe tombe en ruines au milieu du XVIIIs, après avoir soutenu de nombreux sièges et constitué un des points de défense important du Limousin aux portes de Limoges.
Vendu comme bien national à la Révolution, l’ensemble fut morcelé et cédé à divers acquéreurs. Son donjon, qui menaçait ruine, fut démoli en 1809 et les murailles ainsi qu’une partie du rocher sur lequel reposaient les constructions, servirent de carrière au XIXs et les pierres se retrouvèrent en réemploi dans de nombreux immeubles des environs.

- La chapelle castrale Saint Georges mythe ou réalité :

Une statue de Saint Georges en soldat romain accueille le visiteur en façade de l’habitation aux volets bleus. Il fait face à l’ancienne chapelle du château dont il était le saint patron.
Cette chapelle a été transformée en maison d’habitation (aux volets marrons) : des travaux de maçonnerie ont permis de découvrir la porte d’entrée et un emplacement du vitrail est enfermé derrière le crépis de l’immeuble.
A l’arrière de la maison, subsiste dans un vieux mur une armoire murale avec étagère dont le cadre en pierres de taille retient encore les ferrures de portes qui fermaient, ce qui constituait peut-être une réserve eucharistique (placard). La question que l’on peut se poser à la vue de son implantation, chapelle ou reste d’un logis seigneurial, la question reste ouverte.

- Classement (MH) et brève description des vestiges fortifiés d’Aixe :

1) Du château fort principal des Vicomtes de Limoges ne subsiste que des vestiges d'un donjon, datant peut-être du 12e siècle, établi sur un manse (ou Dyke rocheux). Château vicomtal appelé château de Jeanne d'Albret, dont la première mention remonterait à 982. Edifice avec enceinte octogonale, tour à contreforts plats, deux corps de bâtiments, basse-cour, chapelle dédiée à saint Georges. En 1206, Guy V fit reconstruire la tour et rénover l'aula (grande salle vicomtale ou le corps de bâtiment qui l'abritait).

Type :Inventaire général du patrimoine culturel et Monuments historiques.

Eléments protégés : tour romane (base) des XII XIIIs.
Epoque : 12e siècle, 1ère moitié 13e siècle, 4e quart 15e siècle, 17e siècle.

Précisions: Vestiges, y compris le sol de leur terrain d'implantation (cad. AN 58, 67 et partie non bâtie des parcelles AN 57 et 60) : inscription par arrêté du 2 juin 2000.

Adresse: rue Jeanne d’Albret.
 

2) Le castrum d’Aixe comportant, outre le château principal et la chapelle Saint-Georges, trois autres châteaux dont deux sont appelés le château du Barry, et le château de Brie. Le château du Barry comportait une chapelle dont il est fait mention dans un prix fait datant de 1451 ; dans l'état des fonds de 1741, mention de ces quatre châteaux et des deux chapelles. Trois des châteaux et l'une des chapelles sont décrits à l'état de masure dont ne subsistent actuellement que quelques pans de murs
Type : Inventaire général du patrimoine culturel.

Epoque : 4e quart 10e siècle ; 1er quart 13e siècle.

 

3) Fortifications d'agglomération construites vraisemblablement au 11e siècle  et attestées dès le XIIIs. D'après le pouillé de Nadaud, Aixe-sur-Vienne est qualifiée de ville murée, en 1410 ; existence des fossés attestée en 1504 ; fortifications comportant trois portes de ville : la porte aux Roux ou porte de Champaud, au sud, la porte de Lavaud, à l'ouest, et la porte des Guingans à l'est ; à la fin du 18e siècle les fortifications sont en ruines, mais leur trace est encore visible sur le cadastre de 1818. Type: Inventaire général du patrimoine culturel.

Epoque : 11e siècle.

 

4) Trois maisons de chevaliers sont contenues dans l'enceinte urbaine plus une en bordure du château fort. Vestiges de murs sans protection particulière.


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